Les conclusions du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le projet de Waste Management d’agrandir son lieu d’enfouissement technique (LET) de Sainte-Sophie ont étonné les membres la Coalition alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord (CAER).
Le BAPE conclut que « le projet est justifié puisqu'à moins d’une baisse importante et rapide de la quantité de matières résiduelles à enfouir dans le marché que l’initiateur couvre, un refus pourrait créer un déficit de capacité en l’absence de nouvelles infrastructures d’élimination. »
On recommande que le ministère de l’Environnement, RECYC- QUÉBEC et la MRC de la Rivière-du-Nord tiennent des discussions pour déterminer les quantités maximales de matières résiduelles pouvant être reçues annuellement.
« Il y a de quoi choquer les citoyennes et citoyens de la MRC Rivière-du-Nord ainsi que toutes les personnes souhaitant un développement plus durable du Québec. (...) C'est un préjudiciable rendez-vous manqué. », a déclaré Normand L. Beaudet, porte-parole de la CAER.
Le groupe de citoyens de Saint-Jérôme, qui s’oppose depuis le jour 1 à l’agrandissement du dépotoir par la compagnie américaine, s’étonne de « l’appui » du BAPE à la poursuite jusqu’en 2040 d’un enfouissement annuel de 1 million de tonnes de déchets.
« Un million de tonnes, c’est une fois et demi le volume de la grande tour de la Place Ville-Marie, année après année ! Un million de tonnes, c’est le poids de plus 660 000 automobiles enfouies chez nous à Saint-Sophie, chaque année jusqu’en 2040 ! », illustre M. Beaudet.
Il dénonce le fait que le BAPE ait fait totalement abstraction des objectifs de réduction des matières destinées à l’enfouissement que vise la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) d’où provient une « inéquitable importation » de déchets enfouis dans la MRC de La Rivière-du-Nord.
Le site d’enfouissement de Sainte-Sophie reçoit non seulement les matières résiduelles de la région des Laurentides, mais de Lanaudière, Laval, l’Outaouais et Montréal.
« Dans ce contexte, le BAPE aurait dû logiquement recommander au gouvernement du Québec un tonnage annuel conditionnel devant être régulièrement réévalué. Ou encore, proposer des critères pour cette réévaluation », explique le porte-parole de la CAER qui n'en revient pas que le BAPE donne son aval d'un tel agrandissement dans une zone où se situent un boisé et un milieu humide, qui abritent diverses espèces floristiques et fauniques et qui seraient entièrement détruits à la fin de l’exploitation.
Source: CAER
Revoir la gestion des déchets au Québec
La Coalition alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord, dont quelques membres ont manifesté mercredi devant les bureaux de la MRC, exige qu'il y ait des consultations publiques locales, régionales et nationales sur la gestion des matières résiduelles, notamment celles générées par les industries, commerces et institutions (ICI).
C'est le BAPE lui-même qui indiquait dans son rapport que « plusieurs sujets invoqués par les participants à l’audience publique, notamment les solutions de rechange à l’enfouissement et des appels à l’action gouvernementale pour limiter cette activité, dépassent le cadre du mandat qui portait sur un projet en particulier. À cet égard, soulignons que c’est en 1996 et en 1997, voilà déjà vingt-trois ans, que le BAPE a tenu l’audience publique sur la gestion des matières résiduelles au Québec. Il y a donc un intérêt des citoyens, que la commission appuie, pour une évaluation environnementale stratégique sur la gestion des matières résiduelles. »
La COVID-19 et le grand ménage
Par ailleurs, un élu de la région, qui s’est récemment confié à CIME, a confirmé qu’environ une personne sur 10 faisait du compost dans la MRC Rivière-du-Nord actuellement, malgré les campagnes d’informations et de sensibilisation lancées pour inciter les gens à changer leurs habitudes et à réduire à la source leurs déchets.
Avec le confinement, les gens ont jeté beaucoup de choses ayant fait le ménage intérieur et le nettoyage de leurs terrains en profondeur. Nombreux sont ceux qui continuent de faire livrer des produits à la maison emballés de cartons.
Donc, ce n’est pas demain la veille que les sites d’enfouissement vont cesser leurs opérations.
Le rapport du BAPE a été remis, le 12 mai dernier, au ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, qui devra prendre une décision.